Ce qui suit est applicable aux races de chiens hyper-sélectionnées pour le travail, et essentiellement aux chiens de berger. Dans ces races, ceux que l’on rencontre aujourd’hui le plus souvent, du fait d’une notoriété due autant aux effets de mode qu’aux idées préconçues ( ce chien de “travail” doit sûrement apprendre très vite et être facile à “dresser”, il va “bien obéir”…) sont :
- le Border Collie
- le Berger Australien
- le Malinois
Dans la suite, nous nous concentrons sur l’objectif “garder le troupeau organisé” des chiens de berger.
Toutefois, les mêmes concepts sont applicables à tous les chiens “de travail” :
- un lévrier, un setter ont pour travail de “traquer la proie jusqu’à son arrêt”
- un malinois a pour travail de “serrer et immobiliser” un intrus
- un berger d’Anatolie, un “patou” ont pour travail de “garder le troupeau contre les menaces”
- …
Un chien de travail
Un chien de travail a besoin d’un “job”. Il a besoin d’une tâche qui interpelle, mais cela ne signifie pas pour autant que le chien nécessite une attention permanente!
Un berger utilise son chien quand il en a besoin. En hiver, quand les moutons sont dans la grange ou au printemps, quand naissent les agneaux, le berger ne mettra certainement pas en place un parcours d’agility afin de garder le chien occupé. Le chien doit travailler quand c’est nécessaire, et quand il n’y a pas de travail à faire, il mène une joyeuse vie de « chômeur » pendant des semaines.
En termes d’activité, le chien de berger doit être soumis à des tâches difficiles, et entre ces tâches, à beaucoup de repos.
Le chien de berger chasse!
Le comportement de rassemblement n’est rien d’autre qu’un comportement de chasse.
L’instinct “attaquer et tuer” a été éliminé par la reproduction sélective alors que les séquences de chasse restantes ont été amplifiées. En conséquence, le chien de berger traque et poursuit. Il n’hésite pas à harceler sa proie si elle ne réagit pas “comme il faut” : il va pincer les mollets de la vache pour qu’elle avance dans la bonne direction, exactement comme s’il la chassait pour l’épuiser au fond d’une forêt.
Les chiens de berger sont très sensibles aux stimuli visuels et acoustiques
Le chien de berger a besoin de voir les plus petits changements dans les brebis du troupeau et de réagir immédiatement. En conséquence, il réagit beaucoup plus vite aux stimuli visuels (mouvements) et auditifs que les autres chiens.
Cela peut rapidement se transformer en un problème dans la vie quotidienne. Bien sûr, un chien de berger ne sait pas si c’est réellement un mouton qui se déplace dans le lointain. Il réagit au mouvement à distance. S’il arrive un jogger à l’horizon, le chien réagit au coureur. Le soir du réveillon du Nouvel An avec tous les bruits, le chien de berger va probablement devenir fou parce qu’il est très sensible à ces stimuli.
De telles situations peuvent être difficiles à gérer pour le propriétaire de chien “normal” Avant même de réaliser qu’il y a un bruit quelque part ou que quelque chose est en mouvement à proximité, comme un joggeur, par exemple, « une proie parfaite », le chien a déjà disparu … ce qui nous amène au point suivant :
Le chien de berger est très excitable
Le chien de berger doit être en mesure de réagir très rapidement.
Dans la vie quotidienne, cela pose problème parce que le chien répond également à tous les stimuli.
Au travail, le Border Collie, surtout, va souvent au-delà de ses propres limites et il doit se reposer seulement quand le travail est fait.
Dans la vie quotidienne, cela signifie que le chien de travail ne montre guère de signes quand les choses deviennent un peu trop dures pour lui. Peu importe la fatigue, il continuera. Les chiens de travail ne disposent pas d’un bouton d’arrêt d’urgence, c’est ainsi qu’ils ont été sélectionnés. Et il peut donc arriver que, après des heures de jeux de ballon, votre chien ne semble toujours pas se lasser et qu’il tombe plutôt mort que d’arrêter de lui-même. Par conséquent, c’est le propriétaire qui doit prendre les décisions appropriées. Le chien ne peut pas se le permettre.
Le calme est quelque chose que ces chiens doivent apprendre.
Le chien de berger est sensible, et méfiant face aux inconnus
Le troupeau et le berger sont les éléments “normaux” de l’environnement du chien de berger. En revanche, il doit “garder” le troupeau face aux éléments nouveaux, qui peuvent être annonciateurs de problèmes.
Le chien de berger est sujet aux TOCs (Troubles Obsessionnels Compulsifs)
Il a une telle excitabilité que sans possibilité de mettre à profit l’énorme énergie accumulée au cours d’épisodes de stress répétés, il va mettre en place des comportements de substitution ayant pour but de l’apaiser dans l’immédiat, même si ces comportements ont des conséquences indésirables.
Les jeux de rapport
Même les plus jeunes chiens sont déjà fous de la « proie ». Par conséquent, il est encore plus important de contre-agir à cette « balle-addiction » très tôt dans la vie d’un chien.
Rien ne remplace le troupeau, nous ne pouvons pas offrir au chien de berger un substitut aux moutons. Une activité équivalente au troupeau est tout simplement inexistante, les balles ne réagissent pas de la même façon qu’un mouton le ferait. C’est la même chose pour un chien de chasse : aucun lièvre, aucun faisan ne s’est jamais relevé après avoir été attrapé !
En raison de son instinct de chasse, le chien adore courir après la proie. Les jeux de rapport déclenchent son instinct de prédateur qui libère des hormones de stress.
Donc, si vous continuez de lancer la balle, encore et encore, le chien reçoit de plus en plus de stress. En conséquence, vous obtenez un « balle-addict » qui ne peut penser qu’à obtenir le prochain « shot ». Étant donné que ces chiens ont appris à s’adonner à cette sensation sans retenue, ils réagissent à tous les autres stimuli qui déclenchent cette même sensation avec leur comportement de chasse.
Un stress continu a des répercussions sur le psychisme et la santé du chien à long terme. Les jeux de rapport peuvent être autorisés avec des chiens adultes capables, dans une certaine mesure, de s’auto-réguler, mais cela doit être fait d’une manière très contrôlée.
Si le chien se transforme en un « balle-addict » quelque chose a mal tourné et l’utilisation de ce jouet doit être reconsidérée.