Compétences indispensables

Pour vivre en harmonie dans l’environnement social qui est le sien — et le chien est en contact avec toutes sortes d’humains et d’animaux — on observe qu’il doit acquérir certaines compétences indispensables.

Un chien au naturel

Le chien est un prédateur et un éboueur : il chasse pour se nourrir, et il se nourrit depuis au moins 10 000 ans des déchets humains. Il lui est donc naturel (c’est-à-dire qu’il naît avec) de posséder une grande faculté de persévérance et un tempérament opportuniste.
Par exemple: quand il a faim dans la rue et qu’une carcasse de poulet semble atteignable dans la poubelle, il n’est pas question de se dire “oh tant pis, cette poubelle a l’air trop haute, je mangerai demain…”

Or, pour vivre avec nous, nous demandons au chien de famille de savoir :

  • se contrôler
  • laisser tomber

et ce dans un nombre incalculable de situations, que ce soit à la maison, en balade, chez le vétérinaire, avec des invités, au marché ou au restaurant…en bref, dans tous les compartiments de vie du chien.
Pour y arriver, le chien va devoir acquérir des compétences auxquelles sa génétique ne l’a pas prédisposé :

  • l’auto-contrôle
  • la gestion de la frustration

L’auto-contrôle

L’auto-contrôle, c’est : savoir adopter un comportement calme pour obtenir ce que l’on veut. L’auto-contrôle est une compétence opposée à la qualité naturelle du chien d’être opportuniste !

Par exemple :

  • Avoir un contact avec les invités qui rentrent : ne pas leur sauter dessus
  • Pouvoir manger la friandise : ne pas l’arracher des mains
  • Pouvoir marcher librement : ne pas tirer sur la laisse
  • Pouvoir interagir avec un autre chien : rester poli
  • etc…

L’auto-contrôle se travaille, toujours sur le même thème : si tu montres un comportement acceptable, tu auras ce que tu souhaites.

Des recherches très récentes ont montré que l’auto-contrôle (appelé encore “contrôle de l’impulsivité”) met en jeu systématiquement la même zone de neurones dans le cerveau (cortex) du chien. La neuroplasticité du cerveau va donc nous aider (et notre chien aussi), car toute activité qui implique le déclenchement de ces mêmes neurones de contrôle de l’impulsivité va renforcer la compétence d’auto-contrôle, et ce quelle que soit la situation ; on dit aussi que le chien “généralise” la compétence apprise.
(ref : https://www.psychologytoday.com/us/blog/plus2sd/201604/neurobiology-self-control-in-dogs)

En conséquence, pour que votre chien sache se contrôler dans toutes les situations de la vie… travaillez son auto-contrôle dans toutes les situations que votre quotidien vous offre !

Bien sûr il y aura toujours des évènements tellement forts pour votre chien que son instinct (ces compétences dictées par son ADN) prendra le dessus ; par exemple un chien de chasse sera toujours attiré par un gibier qui fuit devant lui…ou pas.

La gestion de la frustration

Savoir gérer la frustration, ce n’est pas éviter d’être frustré. Même avec des humains extrêmement bienveillants qui se mettent en quatre pour faciliter la vie de leur chien, il y aura toujours quantité de situations quotidiennes qui impliquent une frustration pour le chien : il vit dans un monde d’humains qui n’a pas été construit pour lui.

La gestion de la frustration, c’est arriver à laisser tomber quelque chose en faveur d’autre chose. La gestion de la frustration est une compétence opposée à la qualité naturelle du chien d’être persévérant !

C’est l’expression de la pensée :

“laisser ça, ce n’est pas cool; mais c’est OK”

Pour travailler cette compétence, il est indispensable de bien la différencier de l’auto-contrôle. Avec l’auto-contrôle, le chien obtient ce qu’il veut ; avec la gestion de la frustration, le chien n’obtient pas ce qu’il veut !

Comment faire ? Simplement en apprenant, par la répétition, au chien que quand il laisse quelque chose, il obtient autre chose.

Pas nécessairement de la même valeur, mais autre chose quand même.
Bien sûr, au début, on va scénariser les apprentissages et on sera en mesure de lui proposer des alternatives grosso modo de même valeur : “si tu laisses la poubelle, tu reçois des croûtes de fromage.” Très rapidement la valeur de l’alternative pourra être inférieure (ou parfois supérieure!) à la chose ou l’action que le chien abandonne.

Quelques exemples de frustration gérée :

  • en balade, ne va pas renifler cette grosse bouse.…tu pourras passer du temps à sentir ce poteau
  • ne court pas après le chat…tu auras du fromage
  • ne saute pas sur les gens…tu auras une peluche qui fait pouic
  • laisse passer les promeneurs…et je te montrerai que je suis très content·e

Au quotidien

Ces deux compétences sont à la base de la quasi-totalité des apprentissages qu’un chien fera nécessaires à la vie de famille. Il faut donc les apprendre et les travailler. Comme vu plus haut, plus une de ces compétence est travaillée, même dans des situations apparemment très simples, plus elle sera disponible dans les situations compliquées.

Il est donc utile et recommandé de saisir toutes les opportunités qui se présentent à nous pour travailler ces compétences tout au long de la vie du chien.

Ce qui fait de nous, les humains, des êtres opportunistes et persévérants…ça vous rappelle un autre animal ?

Ayons toujours en tête qu’une partie de l’ADN du chien est en opposition avec ce que nous lui demandons pour vivre en famille. Que cela lui demande des efforts, et qu’il y met toute la bonne volonté qu’il a de bien vivre avec nous. Et que, somme toute, nous ne sommes pas si différents…


Neurobiology-of-Self-Control-in-Dogs-Gregory-Berns-Psychology-Today