Les punitions sont dangereuses

20 problèmes potentiels avec les punitions 1

Effets sur le comportement indésirable

  1. Pas nécessaire la plupart du temps
    Le comportement peut être modifié par le renforcement seul. Souvent il n’y a aucune nécessité à punir.
  2. Ne fonctionne pas toujours
    Si le renforçateur qui maintient le comportement en place est suffisamment fort, le comportement ne changera pas
  3. Doit être sévère
    Les animaux s’habituent aux évènements aversifs (désagréables) de faible intensité : ils ne fonctionnent pas, ou cessent de fonctionner avec le temps
  4. Peut renforcer le comportement indésirable
    Punir les comportements d’évitement tend à les renforcer ; certaines intentions de punition peuvent au contraire augmenter la probabilité d’apparition du comportement
  5. Tourne facilement à la maltraitance
    Si le comportement ne change pas, alors exposer l’animal à des punitions constitue de la maltraitance

Effets sur l’animal

  1. Un champ de mines
    Si aucune autre information n’est donnée, c’est imprévisible pour l’animal
  2. Une double peine
    L’animal est en fait exposé à 2 aversifs : perdre un renforçateur et se faire punir
  3. Apprentissages superstitieux
    L’animal peut penser que la punition est déclenchée par autre chose que le comportement indésirable
  4. Apathie et impuissance acquise
    Dans un environnement aversif, ne rien faire c’est rester en sécurité ; ou encore, l’animal abandonne tous les comportements
  5. Renforcement négatif
    L’animal peut apprendre comment arrêter la punition, mais pas comment éviter de la déclencher
  6. Comportements d’évitement
    L’animal peut commencer à éviter les situations où la punition peut apparaître…y compris son propriétaire
  7. Amène à la peur
    La peur est une réaction courante aux stimuli douloureux
  8. Apprentissage réduit
    La peur et le stress causent la sur-stimulation qui interfère avec l’apprentissage
  9. Neuropathie ou Syndrome de Stress Post-Traumatique
    Des punitions incohérentes peuvent rendre l’animal confus
  10. L’agression apparaît en tant que comportement
    Les stimuli aversifs provoquent l’agression et la frustration
  11. Rendent impuissant
    La punition réduit le contrôle de l’animal sur son environnement, ce qui impacte négativement son bien-être et sa qualité de vie

Effets sur l’humain qui punit

  1. Croit que la punition fonctionne
    Pense qu’une brève pause du comportement indésirable signifie qu’il ne reviendra pas
  2. Croit que l’animal apprend
    Confond un changement de l’état émotionnel de l’animal avec un apprentissage
  3. Se sent bien
    Le comportement indésirable disparaît, la personne qui punit est exposée à un « renforcement négatif » ( techniquement : R- )
    De plus, la sensation de contrôle est un « renforcement positif » ( techniquement : R+ )
  4. Abîme la relation
    Utiliser la punition amène à l’évitement, l’agression, à un lien abîmé entre l’animal et l’humain

Plus en détails

Les punitions peuvent ruiner notre relation avec l’animal, causer de l’anxiété, des comportements agressifs, ou de l’apathie — et cela se transforme facilement en abus, en maltraitance.

Récemment il y a eu un article vidéo sur Facebook qui a attiré mon attention.

Typiquement, sur Facebook, je suis plutôt une observatrice. Je ne suis pas très active, et lorsque je regarde des vidéos, souvent je ne partage pas, ni like ni commente — même lorsque je devrais peut-être.

Cette fois-là, j’ai regardé, sentant ma bouche béer graduellement d’incrédulité, et finalement, bouche bée, j’ai laissé un commentaire : « Je suis sans voix ».

Je sais, c’était nul.

Mais je n’avais pas le temps d’écrire un article, et ensuite le flux FB m’a noyée, la vidéo est passée à l’arrière-plan de mes pensées…où elle a couvé.

Il y a quelques semaines, j’ai écrit que j’étais sans voix. Mais le temps a passé, et j’ai maintenant réalisé que je devais faire l’opposé.

Je dois m’exprimer.

Je me rends compte que, si les gens ne réalisent pas qu’il peut être problématique d’utiliser la punition dans l’éducation animale (le dressage), alors ils doivent être informés.

Je ne suis pas, de loin, la première à exprimer mes préoccupations, mais manifestement cela demande à être répété.

La vidéo que j’ai regardée proposait une fonction de « correction » automatique à l’aide d’un « dispositif, au collier, d’entraînement et de suivi » pour les chiens.
Apparemment, il s’agit d’un objet que l’on attache à un collier qui peut suivre l’activité de son chien et lui délivrer également une stimulation électrique (un euphémisme pour désigner des électrochocs), du bruit ou des vibrations.
J’appellerai ces corrections « zapping » ci-dessous, en ayant parfaitement conscience que les réglages les plus bas peuvent éventuellement être très faibles.

Ce qui a été suggéré dans la vidéo, c’est que lorsque le chien fait quelque chose que nous n’aimons pas, comme aboyer ou pénétrer dans des zones interdites, il peut être zappé, automatiquement, sans même que nous soyons présents. Ainsi, le chien cessera d’aboyer ou de pénétrer dans les zones interdites.

J’ai vu qu’il s’agirait du Nouveau Standard de Dressage des Chiens (New Standard of Dog Training).

Pour moi, il est Complètement Dépassé et Potentiellement Nuisible.

Le fait est que la punition fonctionne — les comportements indésirables sont éliminés. Du moins, parfois. Les gens continuent donc à utiliser la punition.

Mais, voilà le problème.
Il y a un prix à payer pour utiliser la punition. C’est peut-être un très petit prix, presque imperceptible. Ou il peut être très important.

C’est le risque de graves retombées qui m’inquiète.

L’utilisation de la punition dans le dressage des animaux équivaut à la prise de médicaments qui fonctionnent seulement parfois et ont des effets secondaires énormes et très répandus.

Franchement, je ne m’y risquerais pas, sauf s’il n’y a vraiment pas d’autre option.

Au minimum, les gens doivent être conscients des effets secondaires potentiellement graves, plutôt que de s’enfermer aveuglément dans un scénario de punition.

Les gens devraient également connaître les alternatives, afin de pouvoir faire un choix éclairé.

Et oui, d’une certaine manière, je vis dans un monde parallèle. Je ne suis pas propriétaire d’un chien, et de tels appareils ne sont pas autorisés en Suède. Je me rends compte que dans beaucoup d’autres endroits, ils sont la norme, et personne ne lève un sourcil, ni ne reste bouche bée.

Changement de perspective

Prenons le point de vue de l’animal pendant une minute.
Imaginez que vous êtes un chien.
Allons. Je sais que vous en avez envie.
De taille moyenne, brun, avec de longs poils. Oreilles décollées. Je ne connais pas les différentes races, mais le chien qui est dans mon esprit ressemble un peu à Lady dans ce vieux film de Disney. Vous la connaissez.

Imaginez que Lady se tient sur le seuil de la cuisine et qu’il y a un poulet sur le comptoir, comme le montre la vidéo qui m’a laissée bouche bée.
L’odeur est délicieuse.
Et c’est à portée de main, aussi.

D’accord Karolina, mais pourquoi faisons-nous cela ?
Suivez-moi.
Nous nous imaginons que nous sommes Lady pour pouvoir la comprendre :

  • Des motivations contradictoires
  • Un certain vécu de l’apprentissage au moment du zapping
Piéger l’animal en situation d’échec avec un poulet sur le plan de travail

Effets sur les comportements indésirables

La punition n’est souvent pas nécessaire

Certains dresseurs ou entraîneurs pensent à tort que pour obtenir le comportement souhaité, il faut recourir au renforcement, et pour se débarrasser des comportements indésirables, il faut recourir à la punition.
C’est un malentendu.

Lors du renforcement, un comportement est augmenté, au détriment d’un autre comportement.

L’animal ne peut pas exécuter plus qu’un certain nombre de comportements, de la même façon qu’il n’y a que 60 secondes dans une minute.
Si un comportement augmente, alors, un autre doit diminuer — qu’il s’agisse de se reposer, de courir, d’adopter un comportement indésirable — ou autre chose.

En fait, ce phénomène est souvent la solution aux comportements indésirables, comme nous le verrons dans la dernière section de ce texte.
La punition est souvent inutile – renforcez quelque chose d’autre et le comportement indésirable peut diminuer, surtout si ce que vous renforcez est incompatible avec le comportement indésirable.
Le choix du comportement à renforcer est important, car certains comportements sont susceptibles d’être affectés par certains autres – et d’autres non.

La punition ne fonctionne pas toujours

Les animaux ne produisent pas des comportement sortis de nulle part.Si Lady aboie, c’est qu’elle a une raison de le faire. Et si vous laissez un poulet sur le comptoir, vous cherchez les ennuis.

Les animaux produisent un comportement pour obtenir un effet. Par exemple, Lady peut aboyer pour que la personne effrayante s’en aille. Ou encore, Lady peut voler le poulet parce qu’il sentait bon et avait très bon goût.

Un choix facile : voler le poulet

Le fait est que les renforçateurs maintiennent le comportement. Ayant trouvé un poulet à une occasion, elle volera probablement le prochain poulet aussi s’il y a une opportunité. Lady se mettra à surfer sur le plan de travail, à la recherche de restes. Le plan de travail est devenu intéressant.

Ce qui signifie que lorsque vous introduisez la punition dans l’équation, elle entre en compétition avec les renforçateurs disponibles — quels qu’ils soient. Cela signifie qu’à moins que la punition ne soit suffisamment ennuyeuse, le délicieux poulet peut l’emporter sur le fait d’être zappé.

Et voilà. Lady peut choisir de voler malgré le fait d’être zappée. Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie que parfois, la punition ne fonctionne pas.

Scénarion de punition 1 :
Le renforçateur est plus important que la punition
Lady vole le poulet bien qu’elle soit zappée.

Qu’avons-nous accompli ici ? Nous avons causé un inconfort à Lady, mais nous n’avons rien enseigné qui nous soit utile. Elle a volé le poulet et s’est un peu habituée à ce que les choses ne se passent pas bien.

Quelles que soient les intentions, pour moi cela est considéré comme un abus — comme je le dis dans ce billet. Je définis la maltraitance comme tout ce qui cause de la souffrance à l’animal et n’apporte aucun avantage au dresseur. La maltraitance peut être légère ou grave selon le degré de désagrément du zapping.

À ce stade, beaucoup de gens augmentent le niveau de zapping.

À un certain niveau d’intensité, le zapping sera probablement assez ennuyeux ou douloureux pour décourager l’animal de se lancer dans la chasse au poulet.

Scénario de punition 2 : zapping suffisamment intense pour être plus important que le poulet

Voyez-vous pourquoi c’est un problème ?

Pour que la punition fonctionne, elle doit être suffisamment sévère.

Pour fonctionner, la punition doit être sévère

Qu’entend-on par « suffisamment sévère » ?

Niveau 3 sur une certaine échelle ? Ou le niveau 7 peut-être ? Le niveau 42 ?

Comment le savons-nous ?

L’un des problèmes majeurs de la punition est que nous ne pouvons jamais savoir ce qui est suffisant pour l’emporter sur les renforçateurs disponibles, et ce qui est trop.

Utiliser la punition, c’est comme marcher sur une corde raide. Rester en équilibre sur la corde est l’équivalent d’une punition efficace qui diminue le comportement cible.

Mais il y a deux façons de mal faire, et le chemin est très étroit.

Une intensité trop faible — et on est abusif : causer de la souffrance sans que l’animal ne modifie son comportement.
Une intensité trop élevée — et nous causons aussi des souffrances inutiles à Lady – elle aurait modifié son comportement à un niveau d’intensité plus faible.

Utiliser une punition est comme marcher sur une corde raide – quel que soit le côté où l’on tombe, l’animal souffre car le niveau d’intensité de l’élément aversif est soit trop élevé, soit trop faible.

Pour rendre les choses encore plus difficiles, cet équilibre entre les renforçateurs disponibles et l’intensité des punisseurs sera différent pour chaque scénario. Le poulet peut être très appétissant et justifier un grand zap, alors que le sandwich au fromage d’hier n’en nécessite qu’un petit.

Lady affamée peut prendre une autre décision que si elle est rassasiée. Elle peut prendre une autre décision dans la cuisine que dans le salon. Ou selon que quelqu’un est présent ou non.
Quand le chat n’est pas là, les souris dansent.

Ce qui nous ramène à « la punition ne fonctionne pas toujours ».

La punition considérée peut être une renforçateur positif

Disons que Lady vocalise par peur et se fait zapper. Le zapping augmente la peur, donc les comportements liés à la peur augmentent.
Ainsi, Lady vocalise plus et non moins.

Autre exemple : Lady s’exprime et se fait gronder. Cette attention négative est destinée à punir, mais il se trouve que recevoir de l’attention est un renforcement pour Lady, de sorte que les vocalises augmentent.

Souvent, nous ne réalisons pas ce qui renforce les animaux – ou les enfants d’ailleurs.

Je le vois si souvent chez les enfants qui se comportent mal. Ils sont prêts à tout pour attirer l’attention de leurs parents, même quand on leur crie dessus. « Non, arrête ça, ne fais pas ça, je te l’ai dit mille fois… !!! ».

Ce qui nous amène au troisième exemple.

Ne pensez pas à une voiture jaune.
Non, je vous ai dit de ne pas le faire ! !!


Vous n’avez pas pensé à une voiture jaune, n’est-ce pas ? Je vous ai dit de ne pas le faire ! !! OK. Vous avez une seconde chance. Ne pensez pas à une voiture rouge.
Quoi ! !! Encore une fois ! !! Je pensais avoir été très claire… ?

Ce phénomène est appelé l’effet rebond et il suggère que lorsque nous concentrons notre attention sur des comportements non désirés, nous avons tendance à les exécuter.

Un exemple pratique pourrait être « Je ne vais pas faire de courses aujourd’hui » – et vous finissez par acheter beaucoup de choses dont vous n’avez pas besoin.

Cet exemple n’est peut-être pas si utile pour parler du dressage des animaux, mais certainement pour élever des enfants.
« Arrête de frapper ton frère !!! » pourrait être reformulé en « essaie plutôt de lui parler » pour éviter le risque de renforcer accidentellement le comportement indésirable.

L’abus est souvent partie intégrante des méthodes punitives.

Retour aux chiens qui surfent sur le plan de travail.

On règle le niveau de zapping une fois et c’est bon ? La plupart du temps, non.

Souvent, nous ne pouvons pas calibrer l’intensité du stimulus aversif pour un contexte particulier en « une fois et c’est bon ».
Il existe un phénomène appelé « insensibilité à la punition » : Lady peut opposer une résistance aux éléments punisseurs ; elle peut s’habituer ou se désensibiliser aux aversions.

Au bout d’un certain temps, il se peut que ça ne fonctionne plus, alors le dresseur augmente le niveau de zapping.
Et puis le niveau supérieur cesse de fonctionner aussi.
On en revient donc aux abus, sauf qu’on cause maintenant beaucoup plus de gêne ou de douleur qu’à l’origine.

La punition devient facilement un cercle vicieux, allant de trop, à efficace, puis abusive, alors que le dresseur frustré essaie de trouver le niveau de zapping qui « fonctionne » – et tout cela en augmentant l’intensité du zapping.

Les abus deviennent souvent partie intégrante du régime de punition — et le zapping augmente

Je me rends compte que tous les scénarios de punition ne ressemblent pas à cela, mais il est plausible que certains y ressemblent. Et puisque je parle de techniques qui pourraient potentiellement nuire aux animaux, nous devons discuter des scénarios les plus pessimistes plutôt que de punitions efficaces avec une exposition minimale aux éléments aversifs.

Je m’inquiète des dommages que ces techniques et outils pourraient causer dans les mains de dresseurs et de propriétaires d’animaux inexpérimentés.

Cela ressemble-t-il à « la nouvelle norme de dressage des chiens » ?

Laisser un poulet sur le comptoir. Glisser dans le cercle vicieux du zapping qui augmente.

Pour moi, c’est faire échouer Lady, et ensuite abuser de la violence pour l’avoir fait.

On peut punir sans risquer de tomber dans le cercle vicieux de la maltraitance. Mais je ne vais pas discuter de la façon dont on procède dans ce texte.

Pourquoi ? Parce que j’ai un peu la nausée rien qu’à y penser, je ne l’utiliserais qu’en dernier recours, et je ne pense pas que quiconque devrait recourir à la punition sans être conscient de toutes les façons dont les choses pourraient mal tourner.

De plus, la personne qui inflige la punition tomberait très probablement de l’autre côté de la corde raide.

Passons maintenant à la façon dont le fait d’être exposé à une punition pourrait potentiellement avoir un impact sur Lady.

Effets de la punition sur l’animal

Etre exposé à la punition c’est comme marcher dans un champ de mines

Revenons-en à Lady.
Imaginez-vous en train de courir dans la cuisine, en suivant un délicieux parfum. Et soudain, à l’improviste – zap !
Vous sursautez et prenez du recul. Vous vous déplacez sur le côté. Zap !
Faites un pas vers la gauche. Zap !
Faites un pas vers la droite. C’était sans danger. Un pas de plus. Un pas de plus. Zap !
Zap !
Zap !
Zap !
Vous voyez où je veux en venir ?

Quand la punition est introduite, Lady n’a aucune idée de ce qui se passe. Pour elle, c’est comme traverser un champ de mines. Parfois on est zappé, d’autres fois non.

Cela soulève des questions intéressantes.

Quelle est la densité des « mines » ? Combien y a-t-il de façons de mal faire ? Y a-t-il des « zones » sûres ? Y a-t-il des signaux d’avertissement ?

Comment va-t-elle apprendre ?

La répartition et l’intensité du zapping auront de profonds effets sur le comportement, comme nous le verrons plus loin.

2 scénarios de punition, différents en fréquence et en distribution

La punition ne dit pas à l’animal ce qu’il doit faire. Sans autre information, l’animal ne peut qu’essayer d’éviter les mines.

Si les mines semblent complètement aléatoires pour Lady, l’apprentissage ne se fera pas – et elle sera stressée.

La punition est une double peine

Hier, Lady volait des poulets – le surf sur plan de travail a été renforcé. Maintenant, elle est zappée à la place – et elle n’a plus de renforcement.

Ce n’est pas une expérience d’aversion, c’en est deux.

La punition amène des comportement superstitieux

Disons que Lady faisait plusieurs choses lorsque le zap s’est produit.

Comme, par exemple, mettre la patte sur le tapis de cuisine en même temps qu’elle entre dans la zone interdite de la cuisine.

Donc, Lady a été zappée pour avoir pénétré dans la zone, mais ce qui était le plus évident pour elle, c’était le changement de texture sous la patte. Elle a pu commencer à associer le zapping au fait de marcher sur le tapis. Elle a donc pu commencer à éviter le tapis – qui peut avoir des dimensions complètement différentes de celles de la zone interdite.

Elle pourrait penser qu’elle a résolu le problème. Éviter le tapis, éviter d’être zappée !

Nous avons donc involontairement puni Lady pour autre chose que son comportement indésirable. Elle n’a peut-être rien appris au sujet du périmètre de la zone interdite, mais elle évite maintenant le tapis.

L’animal essaie de comprendre ce qu’il se passe, et peut arriver à des conclusions erronnées

La punition peut amener à l’apathie et à l’impuissance acquise

Une autre solution, pour beaucoup d’animaux, est de ne rien faire. Si le fait de se déplacer entraîne un zapping apparemment aléatoire, il est alors plus sûr de rester immobile.

Les animaux qui sont régulièrement punis n’auront pas beaucoup de comportements volontaires ; ils risquent de devenir apathiques.

Lady pourrait apprendre qu’aucun comportement ne fonctionne et glisser dans un syndrome de stress grave appelé impuissance acquise, comparable à une dépression clinique. Elle pourrait même cesser d’essayer d’éviter d’être zappée.

L’animal peut apprendre comment arrêter la punition, mais pas comment éviter de la déclencher

Considérez ceci :

Tout va bien.
Lady se promène dans la cuisine.
Le zapping apparaît. Lady sursaute, jappe et recule de quelques pas.
Le zapping s’arrête.

Le zapping a lieu après le comportement A, mais avant le comportement B. Donc, c’est à la fois une conséquence et un antécédent, mais pour des comportements différents.

Lequel de ces deux comportements Lady va-t-elle apprendre ?
Va-t-elle apprendre que marcher vers l’avant déclenche les séries de zapping ? Ou que reculer les arrête ?

Est-ce que nous punissons la marche en avant ? Ou renforçons-nous négativement le recul ?

Sommes-nous en train de créer une conséquence ? Ou sommes-nous en train de préparer l’environnement, d’arranger un antécédent?

Ce pourrait être la dernière solution. Lady pourrait apprendre que le fait de reculer met fin à l’élément aversif. Le recul est renforcé négativement, et la conséquence prévue (C) devient un antécédent (A).

D’abord, elle effectue une réaction de fuite : elle n’a pas appris les signaux d’avertissement et se fait zapper. Au bout d’un certain temps, elle apprendra probablement à associer le zapping à d’autres stimuli dans le contexte, et effectuera une réaction d’évitement – et pourra ainsi éviter complètement le zapping.

Ainsi, Lady peut toujours choisir d’attraper le poulet sur le comptoir en l’absence de signaux d’avertissement — après tout, la principale chose qu’elle a apprise est que lorsque le zapping commence, elle doit reculer.

La punition peut créer des comportements d’évitement

Grâce au renforcement négatif et au conditionnement classique, Lady apprend à éviter les scénarios où le zapping se produit.

Elle peut apprendre à associer au zapping tout ce qui faisait partie de l’ensemble des stimuli lorsque le zapping s’est produit — et commencer à montrer un comportement d’évitement ou à se tenir très immobile, même dans un contexte apparemment différent — à condition que le nouveau contexte partage une caractéristique déterminante avec le scénario de punition.

L’odeur du poulet.

Le tapis dans la salle de bain, s’il est similaire au tapis dans la cuisine.

Le moment de la journée.

Un bruit particulier, par exemple celui du lave-vaisselle.

Le fait de porter un collier.

La présence du propriétaire.

Tous ces stimuli peuvent devenir des punisseurs conditionnés, par association.

Le scénario de la commande empoisonnée est étroitement lié à cela : les commandes (ou disons les ordres) enseignées avec la menace d’une punition ont tendance à être évitées par l’animal.

Ce conditionnement aversif comporte également une composante émotionnelle. Si le fait de grogner sur un ami est puni, Lady aimera encore moins cet ami.

En parlant d’émotions…

La punition peut conduire à la peur

Au-delà d’un certain niveau, la douleur entraîne une réaction de peur. C’est ainsi que le conditionnement de la peur est réalisé dans de nombreuses expériences sur les animaux : en utilisant par exemple des chocs aux pattes.

Et comme la punition doit être suffisamment sévère pour fonctionner, la peur est très probablement un effet secondaire de l’utilisation de ces forts éléments aversifs.

Cela pourrait avoir quelques conséquences indésirables :

  • La peur pourrait se transformer en agression défensive, comme nous le verrons plus loin.
  • La peur pourrait sensibiliser – ainsi, Lady deviendrait de plus en plus craintive et réagirait à un zapping faible.
  • La peur pourrait conduire à un conditionnement aversif et à l’évitement, comme décrit ci-dessus.

De nombreuses personnes ne reconnaissent pas la peur chez les animaux – elle semble différente selon les espèces, mais un thème commun est le fait de se déplacer lentement, de s’immobiliser ou de fuir.

De plus, la peur peut affecter l’apprentissage de manière indésirable.

La punition peut réduire l’apprentissage

Avec l’augmentation de l’intensité du zapping, à un moment donné la capacité des humains et des animaux à penser rationnellement à ce qui se passe diminue.

Savez-vous pourquoi la plupart des portes des établissements publics tels que les théâtres, les bibliothèques et les écoles s’ouvrent vers l’extérieur ?

Parce qu’en cas d’urgence, comme lors d’un incendie, il est trop difficile de résoudre le problème de l’ouverture d’une porte en tirant.

À un certain niveau de stress, beaucoup de gens ne se souviennent plus que l’on peut ouvrir une porte en la tirant vers soi. Ils peuvent toujours pousser et griffer la poignée, mais prendre du recul et tirer la porte vers eux devient très difficile pour beaucoup de gens lorsqu’ils sont suffisamment stressés. De plus, il se peut qu’une foule paniquée appuie sur la porte, de sorte qu’il n’y a tout simplement plus de place pour l’ouvrir vers l’intérieur.

Ce phénomène de diminution des performances en cas de forte stimulation est contenu dans la loi de Yerkes-Dodson et est bien documenté chez l’homme comme chez l’animal.

L’une des préoccupations concernant le zapping des chiens est que certains individus pourraient avoir un seuil si bas pour cet effet qu’ils ne comprendront tout simplement pas quoi faire pour arrêter d’être zappés, et peut-être même qu’ils ne pourront pas se sortir de cette situation.

La punition peut causer neuropathies ou Syndrome de Stress Post-Traumatique

L’un des problèmes potentiels liés à l’idée de recourir à la punition lorsque le propriétaire n’est même pas chez lui est le risque de dysfonctionnement de l’équipement.

Le zapping se produit alors dans des zones supposées sûres. Ou bien aucun zapping n’a lieu dans des zones interdites.

Dans le même ordre d’idée, parfois le collier est porté, parfois non.

Toute incohérence dans les critères de sanction va semer la confusion chez l’animal. Pour aggraver les choses, une punition intermittente peut engendrer un comportement indésirable très persistant si elle est maintenue par un agent de renforcement suffisamment puissant.

« OK…. Donc je peux être dans la cuisine quand maman est là et qu’il n’y a pas de poulet sur le comptoir ? Mais pas si elle n’est pas là… ou attends, et s’il n’y a pas de poulet ? Hé – maintenant ils ont déplacé le tapis, ça veut dire que c’est sûr ? »

Que se passe-t-il lorsque l’apprenant n’a aucun contrôle sur le moment où la punition est donnée ? J’ai mentionné l’impuissance acquise ci-dessus – un autre résultat possible est l’apparition de symptômes de type névrotique ou de Trouble de Stress Post-Traumatique (SSPT).

La punition peut mener à l’agression

Je vois trois mécanismes par lesquels la punition pourrait conduire à l’agression :

  • La punition n’a pas besoin d’être douloureuse pour avoir cet effet — si elle signale l’indisponibilité de renforçateurs, elle peut être frustrante et conduire à l’agression ( extinction / punition négative )
  • La peur se transforme très facilement en agressivité, surtout si l’animal est acculé d’une manière ou d’une autre et qu’il n’y a nulle part où aller.
  • La possibilité d’attaquer est un facteur de renforcement positif. Comme le dit l’adage, la meilleure défense est l’attaque.
    L’animal peut attaquer tout ce qui bouge, ce qui est logique puisque toute chose à proximité est susceptible d’être la source du stimulus aversif.

Même s’ils peuvent s’échapper, de nombreux animaux passent en mode agressif lorsqu’ils sont punis.

Lady peut s’en prendre à tout ce qui se trouve à sa portée, y compris aux enfants et aux autres chiens.

Si un comportement agressif est puni, les signaux d’avertissement ont tendance à disparaître : par exemple, si Lady a été punie pour avoir grogné, elle peut maintenant mordre à la place.

Je suis sûre que certaines races sont plus sujettes à ce type de réaction que d’autres, mais quand même.

En fait, une étude, portant sur un grand nombre de races différentes, a montré que les chiens qui étaient régulièrement punis présentaient un comportement plus problématique, y compris l’agressivité, et se comportaient moins bien que les chiens entraînés à l’aide du renforcement positif.

La punition décourage l’apprenant

Le choix et le contrôle renforcent le pouvoir des animaux et favorisent leur bien-être.
Le choix et le contrôle sont réduits dans les scénarios de punition, ce qui suggère que les techniques de punition dépouillent les animaux de leur capacité à influer sur les choses et risquent de réduire leur bien-être.

Effets sur l’humain qui punit

La personne croit que la punition fonctionne, alors qu’en fait, non.

Revenons à Lady. Disons que quelqu’un vous appelle.

Hé, Lady !

Vous vous arrêtez, vous retournez. Qu’est-ce que c’était ?

Ah, rien. Vous retournez faire ce que vous faisiez. Vous avez été interrompue, et maintenant vous recommencez votre comportement.

C’est souvent ce qui se passe lorsque la punition est infligée, quel que soit son niveau d’intensité.

Le zapping interrompt un comportement en cours. Pendant au moins un bref instant.

Ensuite, selon l’intensité de la punition, deux choses peuvent se produire :

  • Lady retourne directement à ce qu’elle faisait, comme voler un poulet.
  • Lady abandonne tout projet de vol de poulet

Le problème est que beaucoup de gens pensent qu’une courte pause dans le flux de comportement signifie que la punition fonctionne.

Ce n’est pas le cas.

Une punition efficace met fin au comportement actuel et futur. Le comportement ne devrait pas se produire à nouveau.

Si le comportement se reproduit, nous ne punissons pas. Nous maltraitons.

Mais le mal est fait — parce que la brève interruption du comportement a un effet immédiat sur le cerveau de la personne qui punit.
Et cela tend à stopper la recherche d’autres solutions.

La peur peut être confondue avec de l’apprentissage

Cela mérite sa propre section. J’ai déjà mentionné que la peur est un effet courant de la punition, et que l’apprentissage pourrait être affecté négativement par la peur.

Le problème est que les gens peuvent interpréter tout changement de comportement comme un apprentissage.

En pensant que puisque Lady n’essaie plus d’obtenir le poulet, elle doit avoir appris qu’elle n’est pas censée voler de la nourriture.

Une autre explication pourrait être que Lady a été zappée et qu’elle est maintenant dans un état de peur. Donc, plutôt que d’apprendre quoi que ce soit, elle a juste changé d’état émotionnel et se comporte maintenant différemment.

Pour la personne non initiée, il semble qu’elle ait appris quelque chose.

Délivrer la punition renforce la personne qui punit

Tout comme les animaux, les gens produisent des comportements pour obtenir un effet.

Les gens ont une raison de punir. Lady fait quelque chose de gênant, et nous essayons de l’en empêcher.

Et c’est ce qu’elle fait. Même si ce n’est que pour un court moment.

Malheureusement, c’est suffisant.

Quelque chose de gênant s’est arrêté quand la personne a délivré la punition.

C’est un piège pour le renforcement négatif, mes amis.

Et peu importe que Lady recommence à faire la chose ennuyeuse 20 secondes plus tard, parce que le cerveau de la personne est maintenant rempli des neurotransmetteurs impliqués dans ce type d’apprentissage. La dopamine, peut-être — on la voit dans certains apprentissages de renforcement négatif.

Tous les effets secondaires viennent plus tard également – mais l’effet instantané sur le cerveau du punisseur a déjà prédisposé cette personne à recourir à nouveau à la punition. Et l’ « efficacité » de la punition est généralement variable, ce qui la rend très résistante à l’extinction.

Le châtiment est glorifié dans notre société. De même, il est facile, ne nécessite aucune formation et est copié par d’autres.

Le châtiment est glorifié dans notre société.

La punition peut abîmer la relation entre l’humain et l’animal

Les relations se construisent à travers des interactions répétées.

Ces interactions peuvent être punitives, c’est-à-dire qu’elles peuvent être aversives pour l’animal.

Ou bien elles peuvent être renforçantes, c’est-à-dire agréables pour l’animal.

Avec le temps, ces interactions construisent la relation — et l’animal apprend à quoi s’attendre.

Arrive-t-il souvent que des choses intéressantes se produisent en présence de la personne ?

À quelle fréquence des choses désagréables se produisent-elles lorsque la personne est présente ?

À quel point le comportement de l’humain est-il prédictible ?

À quel point cette personne est-elle est digne de confiance, en quelque sorte.

La qualité de la relation entre l’humain et l’animal peut être bonne, mauvaise, ou entre les deux.

Les mauvaises relations n’impliquent pas nécessairement que l’animal évite la personne.

Par exemple, les chiens s’attachent à leurs propriétaires, tout comme les enfants s’attachent à leurs parents. Même avec une mauvaise qualité de relation, les chiens peuvent rechercher la présence de leurs propriétaires.

Mais la qualité de la relation aura toujours une influence sur leur bien-être.

Et dans le cas de Lady qui vole des poulets sur le comptoir de la cuisine : si le propriétaire est présent au moment du zapping, ou si Lady perçoit que la punition vient de son humain, elle associera cette personne au zapping.

Et ainsi, la relation sera salie. Lady peut même éviter son propriétaire , ou même exercer des représailles.

Ou elle ne volera simplement que quand le propriétaire n’est pas là.


Alors, que faire ?

C’est facile de lister joyeusement toutes les conséquences négatives potentielles de la punition, mais comment résout-on le problème du vol de poulet ?

Résoudre le problème du surf sur plan de travail

Préparer pour l’échec, ou pour le succès ?

Quelles sont les options de Lady ?

Actuellement, le comptoir de la cuisine est intéressant, et le sol est ennuyeux.

C’est cette configuration qui motive Lady à explorer hors-limites.

Un moyen extrêmement efficace de modifier cet équilibre est de rendre le comptoir de la cuisine ennuyeux et le sol intéressant.

Il est très probable que Lady changera aussi de comportement — vous la préparez à réussir.

Elle n’aura aucune raison d’aller dans les zones interdites, car elles seraient de toute façon ennuyeuses.

Modifier l’équilibre des renforçateurs. À ne pas prendre au pied de la lettre.

Pour modifier l’équilibre du renforcement, il faut deux (2 !) choses :

  1. Supprimer ou réduire la source de renforcement dans les zones interdites.
    Ne laissez pas le poulet sur le comptoir.
    En fait : ne laissez même pas une miette de quelque chose ressemblant de près ou de loin à quelque chose de comestible ou d’intéressant.
    Les zones interdites doivent être ennuyeuses.
  2. Rendre les zones autorisées intéressantes.
    Même si cela ne dérangerait probablement pas Lady, il est en fait déconseillé de mettre trois poulets par terre.
    Plutôt des jouets, des puzzles, des labyrinthes de nourriture et autres — tout ce qu’elle aime faire et qui l’occupera.

Apprendre l’auto-contrôle ou contrôle de l’impulsivité

Vous pouvez également suivre une formation sur le contrôle de l’impulsivité avec Lady, afin qu’elle apprenne qu’en s’abstenant de prendre quelque chose qu’elle veut, quelque chose de fabuleux se produira.

Voici quelques conseils clés sur la manière dont j’enseignerais un « laisse ça » :

  • Présenter la nourriture inaccessible (cachée dans la main) – dès que Lady détourne le regard ou se détourne, elle reçoit une friandise
  • Modifiez progressivement le critère pour que Lady vous regarde dans les yeux plutôt que de fixer la nourriture dans votre main.
  • N’utilisez pas de signal pour indiquer à Lady qu’elle fait quelque chose de mal, comme un vol ( de nombreux entraîneurs diraient « mal » ou « eh-eh » ou autre) — laissez-la se rendre compte par elle-même que le vol ne la mène nulle part et que le contact visuel lui apporte quelque chose de fabuleux.
  • Changez plusieurs fois de décor (direction, lieu, type de nourriture, etc.) afin qu’elle puisse apprendre à généraliser.
  • Généralisez le concept en mettant une laisse et en jetant la nourriture hors de portée sur le sol — utilisez un harnais plutôt qu’un collier (cela réduit la tension sur le cou de Lady si elle se met à plonger vers la nourriture). Lorsqu’elle détourne le regard de la nourriture, donnez-lui une friandise.
  • Modifiez progressivement le critère de manière à ce que Lady vous regarde plutôt que la nourriture sur le sol.
  • Une fois qu’on est raisonnablement sûr d’éviter le vol, introduisez le signal « Laisse ça ».
  • Travaillez sur la durée.
  • Rendez la tâche encore plus difficile en faisant réagir Lady au signal même lorsque vous n’êtes pas dans la pièce.
  • Emily Larham (aka kikopup) illustre magnifiquement cette séquence d’entraînement dans cette vidéo, et l’explique plus en détail.

Le « Nouveau Standard en Dressage Animalier »

Pour moi, un système de punition à distance n’est pas un nouveau standard de dressage des animaux. Cette approche a trop d’effets secondaires potentiellement graves — elle ne serait jamais mon premier choix pour traiter les problèmes de comportement.

En ce qui concerne le surf sur plan de travail, j’organiserais l’environnement de manière à ce que le comportement indésirable ne se produise pas et à ce que Lady ait de nombreuses autres options, acceptables celles-là.

Je l’orienterais vers le succès — plutôt que vers l’échec.

Je lui apprendrai que cela vaut la peine d’ignorer la tentation, et la récompenserai pour avoir fait autre chose, comme s’orienter vers moi et me regarder dans les yeux, ou pour s’être allongée de façon détendue dans un endroit précis, par exemple sur un tapis bien placé.

L’établissement de relations basées sur la confiance et sur un historique de renforcement positif plutôt que de punition permettra à Lady d’être plus confiante et plus heureuse.

Je sais que vous brûlez de poser cette question.

Mais que se passera-t-il si les approches non punitives ne fonctionnent pas ? Ou si le scénario est très différent ?

Qu’en est-il des situations de vie ou de mort ?

Ne devez-vous jamais, jamais utiliser la punition ?

Quand utiliser la punition

Malgré la liste des inconvénients, il y a une place pour la punition.

Si Lady était sur le point de se faire écraser par une voiture, je ferais tout pour éviter que cela n’arrive. Cela va sans dire. Il y a des situations dangereuses où il faut immédiatement cesser le comportement, pour sauver des vies ou éviter le danger.

De plus, il est normal d’avoir une poussée d’adrénaline dans une telle situation, ce qui peut entraîner un ton de voix dur et un comportement violent. Cela peut être une punition pour l’animal, quelles que soient vos intentions.

Néanmoins, si cela se produisait, j’envisagerais deux choses par la suite :

  • A quel point ai-je fait une erreur ?
    Quels effets secondaires puis-je m’attendre à voir apparaître? Puis-je en réduire l’impact ?
  • Je n’étais pas préparé à cela — que puis-je faire pour éviter ce scénario à l’avenir ?

Je pense que de nombreux propriétaires d’animaux se retrouvent dans ces situations extrêmes où il faut agir rapidement et résolument d’une façon qui se révèle aversive envers l’animal et constitue donc une punition.

Les animaux se remettent bien d’une punission occasionnelle, cela ne m’inquiéterait pas trop. Après tout, c’est la vie. On se cogne l’orteil. On rate le bus. Il nous pleut dessus.

La punition défensive occasionnelle est susceptible d’être traitée moins comme un choc que comme un signal qu’une limite raisonnable a été dépassée


Murray Sidman

Je peux comprendre cela.

Mais c’est une autre histoire. C’est la situation d’urgence.

L’entraînement à distance avec des colliers à électrochocs n’est pas une situation d’urgence.

Même si j’avais un chien, ou si les colliers à électrochocs étaient autorisés ici, j’hésiterais beaucoup à les utiliser. D’une part, j’aurais peur de ne pas le faire correctement. J’essaierais de résoudre mes problèmes de dressage par d’autres moyens ; après tout, le renforcement positif est indulgent.

La punition ne l’est pas – une erreur peut prendre une éternité à se corriger.

Mais parfois, vous pouvez vous heurter à un problème de comportement qui ne peut être résolu par d’autres moyens,
et cela ne peut pas être ignoré.

Dans ce cas, la punition peut être une solution.

Pour moi et pour beaucoup d’autres, la punition est un dernier recours, à envisager lorsque rien d’autre ne fonctionne — ce n’est pas la première chose à essayer, ni même la cinquième.

En fait, selon le concept de la hiérarchie des procédures de modification de comportement (également connue sous le nom de LIMA ou LIEBI), il s’agit d’environ la huitième, selon que l’on parle de punition négative (enlever quelque chose d’attractif) ou de punition positive (ajouter quelque chose d’aversif).

Avertissement : les termes suivants sont des termes que potentiellement seuls les dresseurs d’animaux expérimentés connaissent. Je le mentionne parce que je pense que les débutants ont besoin de voir cette pensée hiérarchique même si les détails peuvent être un peu compliqués.

La hiérarchie des procédures ou LIEBI / LIMA (apportée au monde du dressage des animaux par Susan Friedman). La résolution des problèmes de comportement est analogue au choix de la sortie à prendre en conduisant. Essayez chaque sortie avant de passer à la suivante. Les derniers choix impliquent des dos d’âne, des céder le passage, de s’arrêter complètement et de consulter la carte — c’est-à-dire d’y réfléchir et de consulter les autres avant d’emprunter ces routes.
  • Vous devez d’abord vérifier si des problèmes de santé ou de nutrition peuvent être à l’origine du problème.
  • Ensuite, vous voyez si vous pouvez résoudre le problème en apportant des modifications à l’environnement qui déclenche la réponse (terme technique : arrangement des antécédents)
  • Si cela ne fonctionne pas, essayez de renforcer un autre comportement — en ne faisant toujours rien contre le comportement indésirable
  • Si c’est toujours inutile, retirez les éléments qui renforcent le comportement indésirable tout en en renforçant un autre
  • Si le problème persiste, essayez l’extinction, la punition négative ou le renforcement négatif — tous
    potentiellement aversifs pour l’animal et certains des effets secondaires énumérés ci-dessus peuvent en résulter.
  • Enfin, si tous ces efforts échouent et que la consultation d’autres personnes n’a pas donné de nouvelles idées, essayez de recourir à des punitions positives en dernier recours. Essayez d’atténuer les effets secondaires potentiels — un animal capable devrait se rétablir rapidement s’il s’agit d’un évènement rare.

Cette approche suppose que vous maîtrisiez les différentes techniques à chaque étape et que vous procédiez à une évaluation fonctionnelle pour vous assurer que vous avez compris ce qui maintient le comportement indésirable. Il n’est pas dans le cadre de ce billet d’entrer dans les détails de cette approche, mais je vais en parler dans l’un de mes prochains cours en ligne.

Lorsque vous choisissez une approche de dressage, n’oubliez pas : le renforcement positif fonctionne, et la punition est dangereuse.
Le chemin de la punition ne doit pas être emprunté à la légère.

En fait, je n’utiliserais pas la punition seule, sans donner d’autres informations à l’animal. Je suppose que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’étais effectivement sans voix lorsque j’ai vu pour la première fois la vidéo de punition à distance : elle a vraiment mis l’animal en échec et n’a en aucune façon atténué les effets négatifs potentiels de la punition.


Remerciements

Merci, Tricia Dunlop, Julie Hughes, Marijan Janssen and Hetty Koenraads pour vos réflexions et contributions à ce texte !


Bibliographie

Azrin et al, 1968. Biting attacks by rats in response to aversive shock. Friedman, 2008. What’s wrong with this picture: effectiveness is not enough.

Koob, 2013. Negative reinforcement in drug addiction: the darkness within. Current opinion in neurobiology.

Sidman, 1989. Coercion and its fallout.

Schale et al., 2005: Stress symptoms caused by the use of electric training collars on dogs in everyday life situations

Schilder & van der Borg, 2004. Training dogs with help of the shock collar: short and long term behavioural effects.


Ce texte est une traduction inspirée par le document original « 20 problems with punishment » de Karolina Westlund, ILLIS ABC.

  1. Ici on parle des punitions au sens commun du terme.
    Les techniciens du comportement canin reconnaîtront qu’on parle ici de « P+ » , à savoir : ajouter un élément aversif dans les perceptions du chien.[]