PLAIDOYER pour un chien de famille émancipé et apaisé

Oyez Oyez ! PLAIDOYER pour un chien de famille émancipé et apaisé

Il est d’usage et apprécié que notre chien obéisse. Un chien obéissant est gage de chien bien éduqué, qui ne dérange personne. Un chien obéissant est un chien qui s’assoit quand on lui demande, qui se couche sur ordre, ou revient dès qu’on le siffle. Mais aussi c’est un chien qui souvent ne doit prendre aucune initiative : choisir une direction de balade (mais il y a de la boue!), réclamer à manger parce qu’il a faim (mais c’est pas l’heure!), demander d’aller en balade (mais il fait froid!), demander de l’attention ou de l’affection (mais je suis fatiguée) , venir près de vous sur le canapé (flûte, des poils!), etc. Bien au-delà encore du chien qui doit obéir au doigt et à l’oeil de son « maître », qui ne doit prendre aucune initiative, il ne doit surtout pas faire des trucs de chiens. Flairer un excrément, creuser un trou dans de la terre, se rouler dans la boue ou un excrément, flairer tout au long d’une balade en s’arrêtant très souvent, aller poliment au contact d’un congénère, mastiquer un os puant et gluant, ce sont pourtant des activités essentielles pour les chiens.
Toute initiative de la part du canidé sera réprimandée, ou simplement refusée.

Deux mondes se heurtent : un monde humain aseptisé et socialement encadré, et un monde de chiens où odeurs et matières sont synonymes de plaisir et de communication canine.

Comme si obéir, ne prendre aucune initiative, et ne faire aucun « truc de chien » ne suffisaient pas, le « maître » régente ce que le chien mange, quand il mange, quand il se balade, où il se balade, sous la pluie ou sur un bitume à 40 degrés, le collier qui étrangle et fait mal, quand il fait ses besoins, où il fait ses besoins, les chiens rencontrés, les humains rencontrés, les lieux visités, par quel vétérinaire il est soigné, s’il est soigné, comment et quand il est soigné,…
Les choix faits par un chien sont inexistants. Le chien n’a même pas le choix des personnes avec qui il vit, et donc n’a pas le choix d’aimer qui il veut : ses colocataires s’imposent à lui.

Nous savons que le cerveau d’un chien, les émotions d’un chien, sont semblables à ceux d’un humain.
Alors imaginons nous une journée seulement, avec un « maître ». Celui-ci ne nous demanderait pas notre consentement ni notre avis sur quoi que ce soit, nous demanderait d’obéir à toutes ses demandes, instantanément sans négociation, nous interdirait de boire ou manger ou d’aller aux toilettes tant qu’il ne nous l’autoriserait pas. Nous ne pourrions ni téléphoner, ni surfer, ni lire, ni nous installer confortablement, ni faire de l’activité, ni nous occuper, ni voir nos amis, ni choisir nos amis, ni choisir notre menu, ni prendre un médicament contre la douleur, étant privé d’un accès à tout. Imaginez que quand le « maître » partirait, non seulement nous devrions attendre son retour pour espérer faire nos besoins, manger ou boire, nous habiller, nous laver, ou tout autre chose encore…mais en plus, sans assurance que le « maître » revienne, au mieux sans savoir quand il reviendra.
Imaginez vous dans ce contexte, et imaginez votre détresse psychique (ennui, ruminations, anxiété,…), votre estime personnelle cassée, votre détresse physique (douleur, faim, soif, envie pressante, froid, chaleur, manque d’activité, vêtements inconfortables, pas de canapé ni lit, …). Seriez-vous un compagnon de vie agréable, épanoui, confiant, et en pleine santé, auprès de votre « maître »? Assurément Non!
Comment dites-vous? Cela s’appelle de l’esclavagisme? C’est un abus de pouvoir?
Nous connaissons tant, et plus que jamais, la valeur de notre liberté.

Ce monde imaginaire cauchemardesque, c’est le monde du chien.
Comment pensez-vous que le chien survit dans ce monde? Personnellement je ne sais pas comment un chien peut survivre sans souffrir de dépression, privé de liberté.

Contrôler tous les aspects de la vie d’un chien, ne lui laisser aucun choix, et en même temps lui demander d’être sympa, d’agir correctement, d’être à votre écoute, collaboratif, serein, en pleine forme, pour que nous ne soyons pas dérangé…y a pas un truc qui cloche?
Des chiens qui ne choisissent pas assez pour leur propre vie sont stressés, et ont des comportements désagréables ou incontrôlables, apeurés, méfiants, agressifs, excités, impulsifs, impolis. Il ont des difficultés à apprendre ou à répondre à vos demandes. On tentera de mettre encore plus de contrôle sur ces chiens là, sans succès, qui finiront à l’euthanasie ou en refuge.

Et imaginez encore : si notre chien trouvait du plaisir à reprendre un peu le contrôle sur sa vie, et si du coup ce même chien était moins stressé, moins malade, plus coopératif?
Ca vaut vraiment le coup d’essayer, non?

Permettons à notre chien de famille :
De faire des trucs de chiens salissants et odorants
De ronger des os gluants et odorants
De sentir un excrément ou un objet rencontré
De choisir la direction de la balade
De choisir de rencontrer un copain
De choisir où se coucher
De choisir sa nourriture préférée
D’être soulagé quand il a de l’arthrose
D’être habillé l’hiver quand il fait froid
Et plein d’autres choses encore à votre guise. Lâchez-vous!

Evidemment, souvent nous devons faire des choix pour nos chiens, afin de préserver leur sécurité, ou parce que le chien est incapable d’aller au supermarché faire ses courses, et que renverser les poubelles des voisins n’est pas viable. Mais partout où c’est possible, si nous laissions notre meilleur ami choisir?

Et fuyez les dresseurs et éducateurs qui vous demandent de contrôler tout de la vie de votre chien, sous prétexte qu’un chien doit obéir, et connaître les ordres de base (militaires). Ce sont des persécuteurs, même armés de saucisses à la place de colliers étrangleurs.

Publication :

par

dans